Zhou Jianpeng vient du district de Yongjia dans la province du Zhejiang. Il est devenu enseignant à la faculté des Beaux-arts de l’université normale du Xinjiang après avoir obtenu un diplôme de master en Beaux-arts à l’université du Sud-Ouest en 2007. En 2011, il a été admis en doctorat à la faculté des Beaux-arts de l’université de Tsinghua puis a commencé des recherches post-doctorales au sein de la faculté d’art de l’université de Pékin en 2016. À l’heure actuelle, il est vice-président de la société de promotion économique et culturelle Chine-Angleterre, chercheur à l’université de Wenzhou, professeur invité à l’Académie nationale de peinture de Chine et membre de l’Association chinoise des Critiques sur l’Art et la Littérature (CLACA). Il est aussi l’initiateur du village d’art de Ruoxi, dans le district de Yongjia, de l’Institut artistique de Nanxi, à Yongjia, ainsi que de l’Académie de Hongluo à Beijing.

Les œuvres de Zhou Jianpeng s’appuient sur la tradition artistique picturale dont il a hérité tout en cherchant à la dépasser. « À l’instar de la technique qui s’adapte à l’époque, la création artistique doit progresser avec son temps, afin de proposer des œuvres qui respectent la tradition mais qui répondent aussi aux aspirations et critères de l’époque moderne. » D’après Zhou Jianpeng, la création artistique constitue un processus d’exploration perpétuelle et d’auto-évaluation qui aspire à la nouveauté. Il puise dans ce processus d’exploration des repères, tant stylistiques que spirituels.

Zhou Jianpeng nous a accueillis à l’Académie de Hongluo qui se situe dans la banlieue de Beijing.

Poursuivre un rêve ancré dans l’ancienne Route de la Soie

Après avoir obtenu son diplôme de master en 2007, Zhou Jianpeng avait envie de réaliser des percées en matière de création artistique. « Il y avait deux endroits où je souhaitais me rendre à ce moment-là, l’un était le Tibet, l’autre le Xinjiang. » C’est ce dernier qu’il a finalement choisi.

Avant son arrivée à destination, Zhou Jianpeng ne savait pas grand-chose du Xinjiang. « Pour combler mon manque de connaissance sur le Xinjiang, je me suis forcé à lire des livres sur la dynastie des Tang et à écouter les chansons de Wang Luobin. J’ai cherché sur Internet tout ce qu’on pouvait lire sur le Xinjiang. » En septembre 2007, Zhou Jianpeng est arrivé au Xinjiang pour y enseigner à la faculté des Beaux-arts de l’université normale du Xinjiang.

Le désert de Gobi, la roche, les troupeaux de moutons gardés par des jeunes filles, ce sont les premières images qui sont restées gravées dans sa tête.

Lorsqu’il s’est lancé dans la création artistique, les techniques de peinture qu’il avait apprises à l’université ne suffisaient pas car « elles étaient trop simples pour montrer la diversité des caractéristiques du Xinjiang. » Il a préféré peindre à l’encre.

« Il est inhabituel de peindre des montagnes rouges à l’encre. Le choc et la complémentarité du rouge et du noir créent une dynamique et une profondeur, alors que le contraste entre les zones brillantes et les zones sombres rappelle les lumières naturelles. » En discutant de son œuvre L’agréable atmosphère du jour avec ses collègues, Zhou Jianpeng s’est rendu compte qu’ils appréciaient particulièrement cet effet stylistique nouveau. Cela l’a aidé à prendre confiance en lui.

Les quatre années pendant lesquelles il a enseigné au Xinjiang ont donné à Zhou Jianpeng un temps et un espace de création. « Du nord au sud du Xinjiang, des montagnes couvertes de neige aux vallées fluviales, de l’ancienne Route de la Soie à la solitude du désert immense », il a le sentiment de s’être complètement imprégné des us et coutumes du Xinjiang.

En 2011, Zhou Jianpeng a été admis à l’université de Tsinghua pour y faire son doctorat au sein de la faculté des Beaux-arts. « En fait je suis retourné dans le Xinjiang plusieurs fois au cours de cette année pour continuer de recueillir des matériaux et concrétiser mes créations, même si j’étais en doctorat à Beijing. » Pour réaliser l’œuvre Les chansons dans les pâturages du Mont Tianshan, il a suivi un groupe de pasteurs de Burqin au lac de Kanas. Les 300 km qu’il a parcourus avec ces derniers, mangeant et dormant dehors, bravant les vents violents, ont été une profonde source d’inspiration. Le thème de l’ancienne Route de la Soie a petit à petit commencé à imprégner ses œuvres.

En quelques années, Zhou Jianpeng a non seulement visité tous les sites historiques situés le long de la partie chinoise de l’ancienne Route de la Soie, qui comprend le Shaanxi, le Gansu et le Xinjiang, mais il a également découvert l’héritage historique de la Route de la Soie dans les cinq pays qui constituent l’Asie centrale.

En novembre 2015, son exposition intitulée Sauvegarde de notre pays et exploration de la Route de la Soie : Exposition de peintures sur la Route de la Soie de Zhou Jianpeng s’est tenue dans le Palais du prince Gong et celle intitulée Les chansons dans les pâturages du Mont Tianshan : Exposition de peintures sur les paysages naturels de petit format de Zhou Jianpeng a eu lieu dans la bibliothèque de l’université de Pékin. Ses œuvres sur l’ancienne Route de la Soie, apportant un vent de renouveau dans la pratique artistique, suscitent l’intérêt des milieux artistiques et littéraires de notre pays.

Aujourd’hui, Zhou Jianpeng entend bien continuer de créer, d’approfondir et d’améliorer sa série sur l’ancienne Route de la Soie. Il a commencé une peinture d’une dizaine de mètres de long représentant les montagnes rouges du Xinjiang dans son atelier de l’Académie de Hongluo à Beijing. Il a confié que ses réflexions orientaient la création d’une œuvre et que celle-ci pouvait faire l’objet d’innombrables modifications : « Une œuvre d’art est toujours une création sincère. »

« Aujourd’hui, je pense souvent à ce moment au Xinjiang, où des troupeaux de bœufs et de moutons paissaient au pied des montagnes couvertes de neige, au loin, la chaîne de montagnes paraissait rouge, le désert de Gobi étalait sa couleur jaune, les chameaux s’éloignaient sous les rayons du soleil couchant et un vieillard ouïgour au visage souriant fredonnait une chansonnette sur sa charrette tirée par un âne. Sans mon expérience du Xinjiang, je ne serais pas l’artiste que je suis devenu aujourd’hui », a affirmé Zhou Jianpeng. « C’est le territoire du Xinjiang qui façonne mes accomplissements actuels parce que le thème de l’ancienne Route de la Soie a ouvert pour moi une nouvelle piste de création. »

Rencontre entre artistes chinois et français dans le cadre de l’Exposition de peintres chinois et français sur les éléments naturels de Wenzhou

Redonner une place à l’art dans les villages

Bien qu’il ait quitté sa région natale il y a longtemps, Zhou Jianpeng reste très nostalgique.

Il est particulièrement attaché à son rôle de constructeur de village d’art. Pour lui, l’art est profondément ancré dans les villages et le monde rural et il peut donc servir à redynamiser et développer ceux-ci.

Le 11 mai 2017, un groupe de visiteurs spéciaux venus de France se sont rendus dans le village de Shangrichuan, dans le Zhejiang. C’est le village natal de Zhou Jianpeng.

Ce groupe de visiteurs était composé de 18 artistes français et d’artistes chinois dont Remy Aron, chevalier des arts et des lettres, Zhang Gumin, professeur à l’Académie d’art de Chine et Chen Hang, directeur de la faculté des Beaux-art de l’université du Sud-Ouest. À l’ombre de vieux arbres, dans des cours ou face à des champs cultivés, ces artistes ont installé leurs chevalets et entrepris d’immortaliser les montagnes, les cours d’eau et le paysage paisible de ce village.

D’après Zhou Jianpeng, en Chine, il n’est pas facile d’associer la beauté à la vie quotidienne des gens ordinaires. L’art ne fait pas partie de la vie des gens comme c’est le cas en Europe.

Zhou Jianpeng a expliqué que le but de ce projet associant des artistes chinois et des artistes français était de redonner vie à son village natal et de revenir aux racines de l’art.

À Shangrichuan, les anciens appellent la rivière qui traverse le village « Ruoxi ». C’est pour cela que le village d’art a été nommé Ruoxi. Les 18 artistes qui ont réalisé ce projet artistique sont devenus membres honorifiques de ce village d’art.

À ce moment-là, la dynamique était telle que Zhou Jianpeng a décidé, avec une vingtaine des villageois, de transformer des maisons en auberges. À l’heure actuelle, le village compte 20 auberges qui proposent plus de 200 lits. Sept d’entre elles possèdent un espace pour pratiquer la peinture et la calligraphie. Un salon de calligraphie chinoise, une galerie, une salle de peinture à l’huile et une taverne ont également vu le jour, ajoutant à l’atmosphère artistique du village. « L’essor artistique favorise directement le développement économique. La construction de villages d’art contribuera à redynamiser l’ensemble de la région. Les avantages vont dans les deux sens. » Selon Zhou Jianpeng, le redressement des villages chinois doit s’appuyer en priorité sur les secteurs artistiques et culturels.

La construction du village d’art de Ruoxi avance rapidement et le village de Shangrichuan est devenu un village test pour expérimenter le redressement des villages par le moteur de la culture dans le bourg de Hesheng. Ce bourg a inclu le développement artistique à sa stratégie de développement. Les loisirs sont en train d’être développés ainsi que des infrastructures touristiques. « L’attention portée par les artistes aux villages engendre une véritable prise de conscience chez les villageois qui deviennent attentifs à la beauté de leur environnement et comprennent l’importance d’en prendre soin. » Vu le succès de Shangrichuan, le bourg de Hesheng a lancé le projet de construire un petit bourg sur l’art. Zhou Jianpeng s’en réjouit.

Le projet de l’académie de Nanxi, sur lequel il est en train de travailler, couvre une surface d’environ 133 334 m2, et comprend un palais des beaux-arts, un ensemble de musées et des ateliers de peinture pour les artistes. « L’académie de Nanxi existe déjà dans le village de Xia’ao, dans le bourg de Hesheng, et le village de Shangrichuan fait aussi partie de ce projet. Avec mon équipe, j’ai l’intention de faire du bourg de Hesheng un exemple exclusif de la revalorisation de la culture traditionnelle de la Chine », a-t-il affirmé avec confiance au sujet du projet en cours.

Exploration de la Route de la Soie, une des œuvres de Zhou Jianpeng

À la croisée de Paris et de Wenzhou

Le 4 avril 2019, la cérémonie d’ouverture de l’exposition À la croisée de Paris et de Wenzhou : Exposition de peintres chinois et français sur les éléments naturels de Wenzhou a eu lieu à l’hôtel de ville de Versailles, en France. Zhou Jianpeng a déclaré que c’était un beau projet qui favorise les échanges entre les artistes chinois et français et grâce auquel des artistes français ont montré au monde entier le développement de la Chine d’aujourd’hui. Depuis plus de quatre décennies de réforme et d’ouverture, le développement économique en Chine a connu un essor fulgurant. Mais les Français ont de la Chine une vision qui est loin de correspondre à la réalité de la croissance chinoise. Grâce à ces expositions, la perception de la Chine en France commence à changer.

François de Mazières, maire de Versailles, a déclaré dans son discours que ces échanges artistiques permettaient d’approfondir les connaissances réciproques entre les deux nations et de partager l’aspiration à poursuivre la beauté, ce qui aide à renforcer l’amitié entre les deux parties.

D’après Zhou Jianpeng, l’exposition À la croisée de Paris et de Wenzhou est une opportunité pour présenter la culture chinoise et l’art traditionnel sur la scène internationale. Il y aura d’autres rencontres entre Paris et des villes chinoises, notamment Chengdu, Guangzhou et Beijing et cette première exposition constitue le premier maillon d’une chaîne d’échanges culturels. Zhou Jianpeng a affirmé que l’art était un outil qui permettait de faire connaître la Chine d’aujourd’hui au reste du monde. C’est à cela qu’il souhaite consacrer sa vie.

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